*** Vidéo Bonus en fin d’article *** !!!!!
Dans cette deuxième partie dédiée à Lavandes et Compagnie (lien ici vers le premier article), je vous présente la vision holistique de Vincent Deconstanza, producteur et distillateur, et l’attention qu’il porte à l’origine des plantes qu’il distille, exclusivement issues de graines de populations sauvages. Selon lui, une huile essentielle porte une histoire en elle qui sera d’autant plus riche, donc son odeur plus complète, que les conditions de développement de la plante auront été variées. La spécificité de Lavandes et Compagnie, c’est ce que Vincent Decostanza a dénommé Unité de Production Identifiée (UPI), une manière de respecter cette histoire et de la retranscrire dans chaque flacon.
Voyons voir ce qu’il en est.
1. Lavandes et Compagnie: vision holistique de la plante
Vincent Decostanza, Lavandes et Compagnie, a naturellement pris la décision de s’extraire de cette logique de production à tout prix et s’est orienté intuitivement vers une vision holistique de la plante.
Selon lui, une huile essentielle ne peut être que le résultat d’une intention du végétal qui sera plus ou moins bien traduit par les différentes étapes de la production et de la transformation.
1.1. Lavandes et Compagnie: les populations sauvages
C’est ainsi que Vincent Decostanza, Lavandes et Compagnie, décide naturellement de revenir à ce que pratiquaient les anciens : aller chercher les graines de populations sauvages et si possible en altitude.
Voyons la vision de Vincent à ce sujet.


1.1.1. Une huile essentielle exprime une histoire
Certes, le terroir influence l’expression de la plante mais aussi et surtout son ancienneté dans le milieu. Cela vient dire que l’huile essentielle exprimera une histoire, une filiation.
Chaque plante traduit à sa façon sa réalité, l’unité du groupe n’est que la somme d’identités bien différentes mais dont le passé est commun. Un relief s’inscrit dans cette différence « comme des paroles et des mots qui s’assemblent de concert ». Il y a une cohérence globale.
Selon Vincent, « ce dont nous parle la plante est lié à un temps et à un territoire ».
Illustration :
Si une immortelle de population de Balagne (Corse) P0 (population 0) est replantée dans la Drôme (P1=population 1), elle maintiendra son potentiel génétique et évoluera lentement, au rythme d’une vie après l’autre, en lien avec son nouveau terroir. Si l’on compare olfactivement l’huile essentielle issue de P0 (donc une plante dans son milieu) avec l’huile essentielle P1(plante directement issue de P0), nous y sentirons des similitudes, comme si elles étaient issues d’un même groupe.
1.1.2. Une huile essentielle exprime différents temps
Spontanément, une plante aromatique a un mouvement vers l’extérieur, comme une expression dynamiqued’elle-même (elle communique, elle se défend…). C’est l’essence de la plante.
L’huile essentielle sera une captation de l’expression de cette plante contenant pleins de différents temps (le présent, l’identité, la génétique) qui se recomposent lors de la distillation et qui se perçoivent presque en un instant lors de l’olfaction.
La qualité de l’huile dépendra de la plante et de son vécu.
Comment procède Vincent pour maintenir le plus possible ces histoires de plantes si importantes pour lui ?

1.1.3. Graines de population sauvage = population 0
Chaque plante sauvage exprime une unité car elle est constituée du capital génétique de pleins d’individus différents. On dit alors qu’elle est issue d’une population 0 (P0). Vincent récupère donc les graines d’une population sauvage (P0) pour les multiplier et les replanter sur ses parcelles. La plante est donc extraite très peu longtemps de son environnement : rapidement remis en culture, les jeunes plants sont très peu soumis à la vie inhérente de la serre. Vincent tente de minimiser au maximum la cassure entre les deux mondes.
« A ce moment précis, la plante est telle qu’elle est » dit Vincent.
2. Lavandes et Compagnie et Unité de Production Identifiée
C’est assez vertigineux car si l’on considère la production d’huiles essentielles depuis la perspective exposée dans la partie précédente, cela ouvre des champs de possibilités. Selon Vincent, « il faut chercher à savoir pourquoi une huile essentielle sort comme elle est ».
C’est ainsi que Vincent a fourni un gros travail de dissociation des différentes phases de production pour mieux comprendre. Et cela ne passe pas que par la distillation mais bien de tout ce qui se passe avant le passage à l’alambic.
C’est pourquoi, nous trouvons chez Lavandes et Compagnie un système baptisé Unité de Production Identifiée (UPI). Ce système permet de dissocier les étapes car selon lui, « chaque étape contient son lot de micro-évènements qui influencent la production finale ».


2.1. Spécificité de l’Unité de Production Identifiée
De multiples facteurs déterminent l’identité d’une huile essentielle. Ainsi cumulés, ils racontent son histoire et en restituent son identité. Le contrôle des étapes revient alors à réaliser la somme du vivant. Allons voir plus en détail quel est ce système Unité de Production Identifiée imaginé par Lavandes et Compagnie.
2.1.1. Facteurs déterminant l’identité d’une huile essentielle
L’idée est de réunir dans un même lot tous les facteurs déterminant l’identité d’une huile essentielle :
- Origine de la plante
- Parcelle de culture (type de terre, minéralité, ensoleillement, etc.)
- Date et conditions de récolte
- Conditions de distillation
- Enflaconnage
2.1.2. Lots distincts et identifiés
Une même distillation correspond à un même lot. Il n’y aucun mélange : les lots sont distincts et identifiés. La maturation des huiles essentielles est faite séparément tout comme la mise en flacon réalisée par lots.
2.1.3. Chaque huile essentielle est différente
La récolte se passe toujours selon la même procédure pour chaque parcelle. Néanmoins, la récolte de la même parcelle n’est pas forcément distillée au même moment (à voir avec la contenance de la cuve de distillation). Une partie sera distillée le matin, l’autre l’après-midi voire le lendemain. Et systématiquement, chaque huile essentielle à la sortie de l’alambic est différente.

2.1.4. Les huiles essentielles sont identifiées
Ces huiles essentielles ne sont donc jamais mélangées entre elles. En revanche, elles sont identifiées comme un lot précis issu de la distillation de telle heure, telle date, telle récolte.
2.1.5. Chromatographie
Lavandes et Compagnie travaille tout de même pour les médecins et les thérapeutes. La qualité des huiles essentielles doit respecter certains critères moléculaires et biochimiques (chémotypes attendus).
Si Vincent réalisait une chromatographie pour chaque lot (ce qui n’est pas le cas), il est évident qu’elle serait toujours différente. Je précise néanmoins que pour chaque nouvelle plante distillée, une chromatographie est toujours réalisée (ou quand des conditions inhabituelles de récolte surviennent).
3. Histoires de plantes et de vies
Vous comprenez alors l’intérêt pour Lavandes et Compagnie d’avoir mis en place ce système spécifique d’Unité de Production Identifiée ?


3.1. Un distillateur est le passeur du message des plantes
Vincent précise que dans le jargon du distillateur, une distillation est une « passe ». Pour lui, et par extension, cela revient à dire que le distillateur est le passeur du message des plantes.
3.1.1. Recherche de l’unité, de la cohérence
Vincent est un puriste qui cherche la beauté et l’harmonie. Le travail qu’il mène est de longue haleine. Car il recherche tout à la fois l’unité, la cohérence, la singularité, l’émotion et l’universel.
Son but est que les personnes qui sentent ses huiles ressentent ce moment particulier, cette émotion. Car c’est en la sentant et la ressentant qu’elle devient universelle et immortelle. Vincent aime respecter ces histoires de plantes et de vies, et à sa manière, tente de les restituer pour « ouvrir des portes, pour nous surprendre ». Vincent est un fervent défenseur du monde non humain, beaucoup plus subtil qui a tant à nous enseigner. Selon lui, une huile essentielle ne peut être considérée comme une « extraction de principes actifs au seul bénéfice de l’homme mais plutôt comme une preuve olfactive et communiquant d’un monde plus large, un vivant universel ».
Vous l’aurez compris, le côté productiviste « je prends de la nature ce dont j’ai besoin » ne résonne pas pour lui. Tout à l’inverse, il essaie d’entendre ces choses exprimées par le végétal, différentes du monde humain.
3.1.2. Rentabilité mais éthique de travail
Néanmoins, il me faut nuancer aussi ce propos. Je ne dis pas que cette démarche productiviste est complètement mauvaise : elle correspond au marché et à la demande tout simplement. Il faut bien que les producteurs d’huiles essentielles vivent de leur travail, il y doit bien y avoir une certaine forme de rentabilité tout de même. Mais, et je ne cesse de l’écrire dans ce blog, il est très important de choisir vos fournisseurs selon leur éthique de travail, même si elle est orientée vers le commerce.


3.1.3. Notion de temps et d’ancienneté
Quoi qu’il en soit, je tiens à saluer le travail effectué par Vincent et le véritable amour qu’il porte à ses plantes. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé réfléchir sur cette notion de temps et d’ancienneté d’une plante et par là, des histoires qu’elle porte en elle. Dommage qu’elles ne puissent parler pour nous raconter ce qu’elles ont vécu. Certes, leur message proviendra de leur odeur, cependant, il faut aussi laisser une grande place à notre imaginaire. Une reconnexion à notre essentiel en sorte. Cela demande donc un petit effort et un temps d’arrêt. Mais le jeu en vaut définitivement la chandelle.
Que vous inspire le travail réalisé par Vincent de Lavandes et Compagnie ? Connaissez-vous ses huiles ? Mais trêve de bavardages, je vous invite à regarder la vidéo bonus issue des quelques images volées de ces deux journées fantastiques passées auprès de Vincent Decostanza chez Lavandes et Compagnie !
Bravo Johanne, toujours un grand plaisir de lire tes articles!
merci pour tout …