Astérale : plantations et gestion sociale (+ extraits vidéos) (2/4)

Comme je l’ai écrit dans mon premier article, Astérale oeuvre pour une aromathérapie de grande qualité dont les alliés sont la recherche & le développement. Néanmoins, si le début de la chaîne était négligé, cet édifice s’écroulerait. Sans de belles plantes, il serait impossible d’obtenir cette qualité d’huile essentielle qui est le cheval de bataille d’Astérale. Cela requiert une gestion sociale des équipes menée de main de maître, c’est évident.

Allons donc voir de plus près ce qu’il en est. Dans cet article, vous aurez la possibilité d’écouter les responsables des sites des deux plantations (domaine d’Ambohitsara et villa Simon), Sartenerre et Dadah, vous parler de leur travail au quotidien.

L’accès direct aux extraits vidéos dédiés est intégré dans l’article mais vous pouvez décider de regarder l’ensemble de la vidéo !

C’est parti !

2. Astérale, terroir et plantations 

J’ai eu le privilège de visiter les deux sites de la côte est, situés après la ville de Mahanoro, aux abords du village de Ambohitsara auprès du fleuve Mangoro (le point rouge sur la carte ci-contre, en gros, pour vous donner une idée): le domaine d’Ambohitsara et la plantation villa Simon (rien à voir avec le prénom de Simon Lemesle, juste un heureux hasard). Ces deux plantations bénéficient d’un terroir singulier notamment d’un microclimat.  

Tout d’abord, comme souvent à Madagascar, cela se mérite : 13 heures de voyage depuis Tana pour parcourir environ 350 kilomètres. Départ environ le matin à 7h, arrivée le soir à 20h15, donc de nuit. Je n’épilogue pas maintenant sur l’état des routes. Mais les choses ne se sont malheureusement pas améliorées. 

Une épopée dans la joie et la bonne humeur car nous étions 8 à bord. Par ailleurs, j’ai eu le plaisir de rencontrer Camille, distillatrice à La Réunion et fondatrice de Olica (j’espère un jour aller découvrir son travail sur place). 

Nous avons été logés au domaine d’Ambohitsara et avons pu profiter d’un très beau temps, ce qui n’était pas couru d’avance, le mois d’avril étant la fin de la saison des pluies. Nous nous en sommes rendus compte sur les pistes boueuses et inondées pas encore asséchées…

Cela vous donne une idée de l’état des routes ….

2.1. Domaine d’Ambohitsara et villa Simon

Astérale a commencé son activité de production en 2007 dans les Hautes Terres puis à partir de 2013 sur le domaine d’Ambohitsara; quant à la plantation villa Simon, elle a suivi en 2018. Ces deux sites, situés sur la côte est (voir le point rouge sur la carte ci-dessus), accueillent de nombreuses cultures qui se côtoient, organisées en petites parcelles. 

2.1.1. Gestion sociale et activités agricoles

J’ai été particulièrement impactée par la nécessaire gestion sociale que mène Astérale, celle-ci étant intrinsèquement liée à la gestion des activités agricoles. Je vous rappelle qu’Astérale adhère à Nature & Progrès ce qui impose des procédures à respecter à tout prix. 

Cependant, au-delà de ce cahier des charges, le respect de la charte Astérale est le plus important car elle porte un regard plus large et global sur l’activité de l’entreprise : cultures en agroécologie, parcelles diversifiées, utilisation de paillage, gros travail de fertilisation du sol et création d’engrais verts issus des végétaux sur place. De ce fait, il existe une véritable nécessité de mettre en place une gestion sociale irréprochable. Voyons voir cela de plus près. 

2.1.1.1. Gestion sociale des équipes sur place 
2.1.1.1.1. Patron et autorité 

Un travail bien fait est indispensable pour continuer à proposer au client final des huiles essentielles de très belle qualité. Les enjeux sont donc conséquents. La nécessité de mener les équipes de main de maître est clairement une condition préalable à la réussite du projet. 

Simon et Kelly savent exactement ce qu’il doivent faire à chacune de leurs visites sur les plantations. Tout est vu, revu, planifié, organisé, vérifié, surveillé, etc. J’ai vu Simon Lemesle en action: il a un œil partout, rien ne lui échappe. Il ne peut pas se permettre de laisser passer quoi que ce soit avec ses ouvriers ; l’autorité dont il fait preuve est un prérequis pour mener des équipes malgaches. 

Astérale villa Simon – Simon Lemesle, fondateur d’Astérale – Crédit photo Camille Legrand

Je pense sincèrement que c’est une condition sine qua non : pour que ça marche, il faut se positionner comme le patron, ce qu’il est et ce qu’il fait très bien. J’avoue avoir été impressionnée par l’énergie que Simon déploie : il ne peut pas se reposer sur ses canneliers (à défaut de lauriers) et doit mettre à profit chaque instant de chaque journée afin d’être présent sur le terrain auprès des équipes.

2.1.1.1.2. Payer les salaires 

Il y a environ 60 ouvriers fixes (OF) sur les deux sites confondus (ce qui représente par ricochet un certain nombre de familles). Ce sont autant de salaires à assurer et à verser chaque mois. Il faut donc que ça roule d’autant plus que l’activité commerciale d’Astérale est intrinsèquement liée à la qualité des huiles essentielles obtenues. 

C’est un cercle qui se doit d’être vertueux : si les ouvriers travaillent correctement, ils contribuent directement à l’obtention d’huiles essentielles de haute qualité qui seront ensuite vendues générant ainsi la possibilité de payer les salaires à la fin du mois.

Simon et Kelly ne sont pas seuls dans leur bateau. Ils ont un équipage à bord qui compte sur eux et qui, je dirais même, dépend d’eux. Aucune alternative pérenne ne serait possible pour les locaux si Astérale devait jeter l’éponge (j’extrapole évidemment). Cela représente une très grande responsabilité pour une entreprise artisanale. Par conséquent, il est aisé de comprendre le niveau d’exigence requis par Astérale. 

2.1.1.2. Rôle des responsables de site  

Dans le cadre de la démarche Nature & Progrès, et pas seulement, Astérale a établi des protocoles agricoles strictement décrits et écrits, en malgache et en français. Ils concernent autant la gestion des sols, que la culture et l’utilisation d’engrais verts, le paillage ou encore la procédure de distillation. Pour maintenir ce niveau d’exigence, il s’avère primordial que ceux-ci soient respectés et suivis à la lettre stricto sensu. 

Simon me disait qu’il est présent au-moins une fois dans l’année pour la distillation de chaque plante produite. Néanmoins, il précise que « les équipes doivent faire mieux que moi quand je ne suis pas là car ils disposent de plus de temps et ne se consacrent qu’à une tâche ». Pour cela, les équipes bénéficient pour chaque production et pour chaque espèce distillée de consignes précises issues des 23 ans d’expérience de Kelly et Simon.

domaine d’Ambohitsara – pépinière (Sartenerre, responsable de site à gauche et Fanja, mon amie pasteure à droite)

Nous disions donc 60 salariés fixes, cela représente tout de même du monde censé suivre les consignes. Comment s’assurer de leur application en cas d’absence ? Astérale est en contact quotidien avec ses deux responsables de sites que nous avons eu le plaisir de rencontrer : Sartenerre et Dadah. Ils tiennent un rôle absolument clé dans cette aventure qui s’articule autour de 2 pôles principaux : gestion des équipes et relais des informations à Astérale. Toutefois, des images valent mieux que des mots : à suivre, les extraits vidéos où vous pouvez les entendre parler de leur travail. 

2.1.2. Domaine d’Ambohitsara

La surface d’exploitation du domaine d’Ambohitsara est d’environ 18 hectares. En premier lieu, on y trouve surtout des canneliers, puis du poivre sur 4 parcelles et du giroflier, de la baie rose, des agrumes, du ravintsara, romarin, patchouli, plus le nouvel arrivé, le tea-tree (nouvelle culture initiée en 2023). Onze espèces de plantes aromatiques cultivées se côtoient. Le lieu est très bien organisé et parsemé de multiples chemins pavés qui facilitent les déplacements. C’est aussi un sacré labyrinthe au milieu de toutes ces parcelles. Mais Simon n’a pas l’air de s’y perdre le moins du monde !

Maintenant, je vous propose d’écouter Sartenerre, le responsable et Simon Lemesle nous en parler. 

Sartenerre, responsable du domaine d’Ambohitsara – Il nous parle de son travail

2.1.3. Plantation Villa Simon

Au début du 19ème siècle, Madagascar est une colonie française. Des terres sont alors attribuées aux colons. La villa Simon est une ancienne plantation coloniale, où ont été plantées des cultures de rente type vanille, cacao, café et manioc principalement. Simon Odoul était un des héritiers de cette plantation d’où le nom de la villa Simon qui perdure jusqu’à aujourd’hui. 

Le terrain était à l’abandon quand Astérale l’a racheté en 2018. Depuis et au fur et à mesure, il a néanmoins repris de belles couleurs vertes. Aujourd’hui, après beaucoup de patience et de travail, la plantation est le domaine des ylanguiers plantés en compagnie du ravintsara. Le gingembre papillon côtoie le gingembre shampooing. Quant à la maniguette fine, elle se déploie sur une parcelle de 10 ha que nous n’avons pas vue. Sans oublier les citronnelles (à myrcène mais aussi de Java), le palmarosa et les différents citrus. 

Il y a aussi la cueillette de niaouli qui pousse de manière sauvage sur les abords du fleuve Mangoro qui se languit en bordure de la plantation. Les limites de la plantation sont délimitées avec l’acacia mangium qui sert de brise-vent.  

De la même manière que précédemment, voici une vidéo de Dadah, responsable du site. 

Dadah, responsabile de villa Simon

Maintenant que vous avez un aperçu du travail réalisé sur les sites, dans un prochain chapitre, je vous présenterai 3 plantes très importantes pour Astérale. 

En attendant, j’aimerais que vous me disiez en commentaire ce que vous inspire d’entendre et de voir ces personnes qui oeuvrent sur le terrain nous parler de leur travail ! Merci pour eux !

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2 Replies to “Astérale : plantations et gestion sociale (+ extraits vidéos) (2/4)”

  1. Murielle Bebrone dit : Répondre

    Merci pour la vidéo, c’était magique

    1. merci Murielle pour ta fidélité

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