Christian Escriva, le Gattilier et l’approche sensorielle (1/3) 

Retrouver Christian Escriva à Majorque, lors d’un weekend organisé par Antonia Jover, aromatologue espagnole, est un pur moment de bonheur. Au programme de ces retrouvailles : une étude approfondie des lavandes. La lavande est un cas d’école et possède de multiples qualités thérapeutiques.

Christian Escriva et Antonia Jover – A propos de la flore majorquine

Cet article sera publié en 3 parties différentes. Celle-ci est plus orientée sur l’explication du concept de l’approche sensorielle vue par Christian Escriva ainsi que la présentation de son entreprise le Gattilier. Le deuxième sera dédié à une brève présentation des différentes lavandes (officinale, aspic, lavandin et luisieri). Enfin, dans un troisième article, nous entrerons dans le vif du sujet, c’est-à-dire l’étude de ces lavandes selon l’approche sensorielle et la manière dont Christian Escriva nous guide dans cet apprentissage.

Le monde de Christian Escriva : Le Gattilier et l’approche sensorielle

Les produits Le Gattilier

Chez le Gattilier, les plantes médicinales et aromatiques sont cultivées en agriculture biologique et biodynamique selon les cahiers des charges Nature & Progrès ainsi que Démeter. De la cueillette sauvage est également réalisée. Toutes ces plantes sont ensuite transformées en différents extraits. 

Christian Escriva distille dans son alambic en cuivre ses propres huiles essentielles. Grâce à son expertise, les huiles qu’il distille ont une vraie âme. Il sélectionne également de nombreuses huiles essentielles sur critères bien sûr biochimiques (il dispose de toutes les analyses) mais surtout sur des critères…. sensoriels évidemment (nous y viendrons par la suite de cet article). Chaque lot va être décortiqué par le bout du nez (et non de la lorgnette) avant de passer le cap de la mise en vente.

Les photos suivantes ont été prises lors d’une visite éclair que j’ai effectuée chez le Gattilier en août 2019.

Enfin, de nombreux extraits sous forme de macérations solaires, des teintures-mères, de la gemmothérapie (macération de bourgeons de jeunes pousses dans de l’alcool/ eau de source et sirop d’agave) sont disponibles. Sans oublier les enfleurages de fleurs délicates pour le plaisir des sens. Le tout est proposé dans une optique de soin par la phytothérapie. Des synergies prêtes à l’emploi sont également proposées pour un public peut-être moins averti mais qui souhaiterait profiter des bienfaits des soins par les plantes en un seul produit. 

Dans cette aventure, Christian Escriva est accompagné d’Odile Sallantin, sa compagne d’aventures végétales de toujours. De véritables experts qui sauront vous renseigner au mieux et vous proposeront toujours de l’extrême qualité. 

L’approche sensorielle : son cadre

Les huiles essentielles : pas que de la biochimie

De nos jours, il faut bien le dire, tout doit être scientifique et démontrable. 

J’aimerais émettre un GROS bémol à ce dogme moderne. Et par conséquent, introduire le concept d’approche sensorielle tel que l’entend Christian Escriva. Les huiles essentielles ne sont PAS QUE des ensembles biochimiques dont les molécules servent à soigner CECI ou CELA. Non, elles sont PLUS que de la biochimie. 

Illustration avec le Thym et la Marjolaine

Je reprends cet exemple de Christian Escriva.

Thym et Marjolaine: que des chémotypes ?

Le joli thym vulgaire (Thymus vulgaris) à CT thuyanol: si agréable et doux, il n’est considéré que sous l’angle de son chémotype (tous les thyms vulgaires n’ont pas le même chémotype, j’en parle ici déjà).

Thym – Feuilles petites, pointues et toutes fines – Credit photo: pixabay

Ses indications thérapeutiques sont donc antibactériennes, antivirales, immunostimulantes etc. selon la molécule dominante : le thuyanol

Maintenant, prenons une toute aussi jolie marjolaine à coquilles (Origanum majorana) : elle-même contient du thuyanol et pourtant elle n’est pas du thym.

Marjolaine à coquilles – Feuilles petites mais beaucoup plus arrondies et adoucies – Credit photo Pixabay

Ces plantes sont différentes, une approche uniquement analytique pourrait les limiter aux molécules qu’elles contiennent. 

Oui, sur le papier, elles se ressemblent (dans la réalité aussi! Néanmoins, le thym a des feuilles beaucoup plus fines, petites et pointures, la marjolaine a aussi des petites feuilles mais plus rondes, plus adoucies) mais la réalité est toute autre. 

Thym et Marjolaine: non, pas que des chémotypes

Si l’on se contente de voir les huiles essentielles comme un ensemble de molécules (donc une vision basée exclusivement sur des caractères chimiques), nous ignorons un aspect monumental. 

Il est donc urgent d’ouvrir le regard et de prendre de la hauteur. Considérer une plante comme un être à part entière avec ses secrets et mystères. Sinon nous risquons de passer à côté d’une meilleure connaissance et compréhension profonde de la plante. 

Pourtant, en présence d’une plante ou d’un extrait, nous pressentons l’existence d’une totalité, d’une unité vivante.

Christian Escriva

L’approche sensorielle : sa pratique 

L’approche sensorielle est basée sur les … sens évidemment. Et l’olfaction en particulier. On peut certes goûter, toucher, observer mais les odeurs rentrent directement au cerveau limbique, qui est le siège de nos émotions. Sans autre forme de déformation subjective

La méthode passe donc principalement par le contact olfactif. Attentivement, de manière prolongée, l’olfaction nous permet de commencer à capter véritablement « l’âme de la plante ». Et ce, quel que soit l’extrait utilisé. On peut réaliser cet exercice avec une huile essentielle bien sûr. Néanmoins, Christian Escriva le réalise aussi avec des teintures-mères ou encore des huiles de macération solaire. 

De gauche à droite: Moi, Maria (Essential Mery), Silvia, Nitya (fils de Christian), Chiara, Antonia Jover et Christian – En pleine pratique, une tirette de papier au nez

Vient ensuite le moment du partage de l’expérience. Chacun/e ressent les choses de manière personnelle mais il y a souvent un ressenti universel qui se traduit différemment. Une odeur agit sur le physique, mais aussi sur les pensées. Cela peut prendre la forme d’intuitions par exemple, d’idées, de comparaisons, d’images, de métaphores. Evidemment, il y a toujours une certaine subjectivité et des projections personnelles. Tout un chacun est un Univers à part entière avec des références propres. Il est donc nécessaire d’être le plus honnête avec soi-même et d’aborder cette rencontre entre la plante et soi de la manière la plus neutre possible. 

Il s’agit d’une rencontre entre une espèce végétale et nous-même.

Christian Escriva

L’approche sensorielle : pourquoi ?

S’approcher ainsi d’une plante permet d’entrer en résonance avec elle et d’en dégager une «représentation intérieure ». Avec de l’entraînement, cette méthode de l’approche sensorielle permet aussi de définir si l’huile essentielle (ou autres extraits) est de qualité ou non, les ressentis physiques ou psychiques parlant d’eux-mêmes. 

Oui, c’est aussi une façon de se reconnecter à notre intuition que nous mettons trop souvent de côté. Ou que nous omettons de prendre au sérieux. 

Tu vois, je te l’avais bien dit. 

Ton intuition

On ne se base donc plus UNIQUEMENT sur la composition chimique d’une huile mais la prenons bien en considération dans « toute son expression »

Et ainsi, nous nous approchons à un autre thème que j’aimerais développer un jour dans un article de fond : la QUALITE

La qualité passe donc par l’odeur et l’odeur peut être largement influencée par la manière dont elle a été obtenue. Voici une liste d’arguments de réflexion proposés par Christian Escriva : 

 « Des cultures issues de plantes clonales, des distillations dans des alambics de trop grande capacité, des plantes cultivées dans des biotopes dont les caractéristiques sont trop éloignées de celles de leur milieu naturel, cultures à grande échelle, du pillage des stations de plantes sauvages sans prendre soin d’en laisser sur place pour la reproduction et sans prendre en compte l’état de développement et de croissance de la plante, etc. ». 

Vaste sujet donc … Alors, je dirais : « A vos nez ! ». 

Maintenant que vous avez mieux saisi le concept de l’approche sensorielle, je vous invite à découvrir dans un prochain article, une présentation succincte des différentes lavandes.

Que vous inspire cette approche sensorielle ? Dites-moi tout en commentaire!

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