Nez, la revue olfactive : parfums, odeurs et matières premières.

Nez la revue olfactive
Nez la revue olfactive

Le défi des Essentielles #4

A l’honneur aujourd’hui, dans le cadre de mon Défi des essentielles, la superbe revue Nez!

Je cherchais de l’inspiration. Des ouvrages, des sites, des blogs ou autres, dédiés aux matières premières végétales, aux odeurs, aux acteurs qui oeuvrent dans ce domaine, et je ne trouvais rien de bien folichon. Je souhaitais me faire une idée de ce qui existait, ou pas. Tout ce qui était susceptible de m’inspirer, de m’instruire, pour découvrir un peu plus. Le contenu que je trouvais ne répondait pas à mes attentes. Mais celui que j’ai découvert a dépassé toutes mes espérances. Et, honnêtement, je ne pensais pas trouver une telle pépite, made in France. Mon cœur a bondi quand j’ai découvert Nez, la revue olfactive. Semestrielle, c’est une revue de très belle qualité dans un très beau papier épais, illustré soit par de magnifiques photos, soit par des dessins très graphiques. Elle contient environ 150 pages de pur plaisir grâce à une grande variété d’articles. Elle nous permet de faire un tour d’horizon vaste et sans limite sur le monde de l’odorat. 

L’odorat comme vous ne l’avez jamais lu. 

L’odorat est mis à l’honneur et présenté tel que vous ne l’avez jamais lu : sous toutes ses coutures. L’approche pluridisciplinaire nous embarque dans un voyage global, inattendu et inédit. Déclinée en plusieurs parties, Nez, la revue olfactive fait un pied de nez à celles et ceux qui pensent encore que l’odorat est un sens de seconde zone. 

Voici un tour d’horizon de cette revue que je vous invite chaleureusement à lire ! 

Une thématique décortiquée par le bout du nez

Chaque édition est l’occasion d’une plongée complète à la découverte d’une thématique liée aux odeurs et décortiquée par le bout du nez. L’angle d’approche est toujours très pertinent et varié et compte une trentaine de pages.

Par exemple, que diriez-vous d’un thème complet qui décortiquerait notre rapport aux mauvaises odeurs ? Ou aux bonnes ! D’ailleurs, comment différencier une bonne odeur d’une mauvaise ? Et les odeurs corporelles dans tout cela ? Qu’est- ce qui justifie qu’on plisse le nez ou au contraire qu’on hume l’air à la recherche de cette effluve passagère ? C’est à ce genre de réflexion que nous sommes conviés pour remettre les choses en place et nous rappeler que chacun à son mauvais goût en termes d’odorat. 

Un autre exemple tout à fait réjouissant qui nous pose la question de notre animalité.  L’odorat a été malmené car considéré depuis plusieurs siècles comme un sens primitif qu’il fallait balayer sous notre porte en l’écrasant avec le pied au passage. Un sens qui nous lie trop à notre condition « animale », intuitif car lié à notre système limbique, celui qui clairement nous fait fuir ou rester face à l’odeur du danger. Mais nous ne sommes pas des bêêêtes ! Et si, peut-être un peu…Nous l’avons juste oublié. 

Bref, j’en passe et des meilleures. Mais vous avez compris le concept de la thématique ? Nous donner à réfléchir, à reconsidérer notre sens olfactif et l’importance des odeurs dans notre quotidien et notre condition d’Humains. 

Tous ces thèmes sont vus selon divers angles, étudiés, sans complaisance mais avec objectivité, et souvent avec beaucoup d’humour.

Exploration du monde des parfums et des matières premières végétales. 

Chaque édition propose un dossier complet et l’exploration du monde au-travers d’une matière première végétale. Et là je me régale. Et me transporte. Quelques pages spécialement dédiées à la bergamote, au poivre noir, à la vanille, au jasmin… dans lesquelles sont décrits les origines, les lieux de culture principaux, les modes d’extraction, les histoires d’hommes qui les travaillent, le tout accompagné de photos magnifiques. 

Nez la revue olfactive - La bergamote
Nez la revue olfactive – La bergamote

Non seulement cela me donne de l’inspiration et des idées mais aussi, grâce à ce dossier, je pars en voyage, je suis en Trek des Essentielles direct. 

Comme cela me plairait d’être celle en charge de la rédaction de ces articles : voyager, rencontrer, partager et écrire ! Le pied, quand ce n’est pas le Nez !

L’odorat et les odeurs ne sont pas réservés aux seuls parfumeurs.

Pourquoi ne seraient-ce que les parfumeurs qui pourraient parler d’odeurs ? Ils ne sont pas les seuls à avoir un odorat 🙂

Ici, d’autres corps de métier décrivent leur environnement olfactif. C’est un exercice absolument étonnant. En effet, que peuvent donc sentir photographes, architectes, écrivains etc, lors de leur pratique professionnelle? Qu’est-ce que l’odorat pour des personnes hors du monde du parfum mais qui évoluent tout de même dans un univers de création ? Je vous assure que cela donne des témoignages ludiques, espiègles et totalement hors des sentiers battus. 

En lisant ces témoignages, une évidence fait jour : chacun a son propre répertoire, sa symphonie des odeurs et le vocabulaire qui va avec. Et c’est justement très poétique, fascinant et curieux de se positionner ainsi face à plusieurs mondes d’odeurs. 

Portraits de femmes et d’hommes surprenants. 

Nez, la revue olfactive nous emmène à la découverte d’univers olfactifs tous aussi variés que surprenants. Les portraits de femmes et d’hommes qui se vouent corps et âmes à leur profession, impliquant leurs sens, leur créativité et bien entendu, leur odorat. Et il n’y a pas que le parfum dans la vie ! 

C’est ainsi, par exemple, que j’ai découvert l’existence de La maison des trois thés, fondée par Yu Hui Tseng, une femme d’origine chinoise, passée un des plus grands maîtres de thé et experte dans le domaine. Car une dégustation de thé commence par l’odorat.

Yu Hui Tseng de la Maison des 3 thés
Yu Hui Tseng, fondatrice de la Maison des 3 thés

Avez-vous déjà senti une feuille de thé ? 

Au moment de déguster un thé (préparé dans les règles de l’art), saurez-vous distinguer un Woolong d’un Gyokuro?

Tout un monde de nuances, de saveurs et … d’odeurs, le thé. 

Ou dans un autre registre: vous êtes-vous déjà fait cette réflexion : l’univers du vin est intimement lié à l’odorat ? Un œnologue lui aussi a son propre vocabulaire pour décrire les odeurs du vin. De là à lier les deux, il n’y a qu’un pas qu’a franchi Richard Pfister qui « passe par la parfumerie pour expliquer les odeurs du vin ». Fort d’un double cursus en œnologie et en parfumerie, il lie intimement les univers. Voilà une approche originale et deux mondes si proches enfin réunis. 

Voilà, pourquoi je vous disais que tout est inspirant dans Nez ! 

Univers du Parfum et des Parfumeurs, avec un grand P.

Cela n’est pas une surprise, la revue met aussi et surtout à l’honneur l’univers du Parfum et des Parfumeurs avec un grand P. Toujours sous divers angles de vue et de présentation, l’univers du Parfum est présent tout au long de la lecture. 

L’univers des Parfumeurs 

Nous pénétrons dans l’univers des parfumeurs au-travers de rencontres exclusives et doucement nous décodons leurs réflexions, leurs inspirations, leurs chemins et leurs matières premières préférées. Nous pourrions presque percer leurs secrets mais, vous n’aurez pas les formules ! Ci-dessous, Jean-Claude Ellena.

Nez la revue olfactive - JC Elléna
Nez la revue olfactive – Jean Claude Elléna

L’histoire du Parfum à travers les époques

Vue et racontée au-travers d’une période historique, nous avons accès aux clés de compréhension de l’histoire du parfum, un univers qui s’est créé au fil des époques, des modes et des mœurs. De la Belle époque, aux années 50, 80 ou 90, nous découvrons un univers entièrement lié aux évolutions de la société. Des femmes corsetées à la femme « Opium » complètement libérée et mystérieuse, l’évolution du parfum nous amène à considérer celui-ci comme un témoin de l’Histoire, des bouleversements et des évolutions des mentalités. 

 Dis-moi qui tu es, je te dirai quel Parfum porter 

Tante Jeannette ? Le cousin geek ? L’oncle bon vivant ? Mamie Gâteau ? Ou encore des personnages mythiques : Maria Callas, Elvis Presley, la Reine Victoria, Marie Curie, Indiana Jones… ? Dis-moi qui tu es, je te dirai quel parfum porter !

Ces pépites d’espièglerie, d’ironie, d’idées reçues toujours bien vues, sont des propositions d’un portrait type avec un parfum précis: intéressantes, étayées et drôles, elles valent la lecture même si vous ne connaissez pas les parfums évoqués (ce qui est mon cas dans la majorité des cas!).

Coup de coeur : Céline Ellena et sa chronique olfactive qui sent le vécu. 

J’aime particulièrement la chronique olfactive de Céline Ellena. Je ris à chaque fois, c’est un vrai coup de coeur. Truculente, elle sent le vécu !  C’est un régal de suivre les pérégrinations de cette parfumeuse (et fille de Claude Ellena) dont le principal défaut est de… sentir tout ce qui bouge. Etre Nez ne doit pas être de tout repos ! Néanmoins, quand les histoires d’un Nez sont partagées en plus d’être drôles, c’est un moment de pur délice. 

Petite reprise libre d’une des chroniques intitulée « Peau nue » ou les mésaventures d’un amoureux qui ne sait comment jouer avec les codes odorants face à sa chérie qui est Nez (autrement dit, une professionnelle qui crée des parfums). Aspergé d’odeurs de « sent bon », cela ne plaît pas forcément à la chérie. 

« L’homme est amoureux d’une drôle de femme. Avant de la retrouver, il se décrasse avec un soin infini. Afin d’épater son nez. (…) Il se traite d’imbécile, quelle idée de sortir avec un parfumeur, un radar à relents ! (…) La drague verbale, ce n’est déjà pas évident mais la séduction par les odeurs… Un parfum au gingembre peut-être, ou bien aux phéromones ? (…)

Je suis amoureuse de l’homme. Pas de tous ses parfums. (…) Il me tend son cou, je franchis l’épaule, frôle son avant-bras, épouse son poignet. Il m’offre son torse, je lui réclame son dos. (..) L’amoureux est perdu, je n’emprunte pas les chemins habituels. Comment lui dire… je t’aime peau nue ? » 

Nez, la revue olfactive : en conclusion, l’odorat !

En conclusion, je suis heureuse d’avoir découvert Nez !

Jamais ennuyeuse, toujours pertinente, agréable à feuilleter (c’est comme pour un livre, on peut sauter des pages si on veut !), elle nous mène à la découverte de l’idée de l’odorat. Nous reconnectant avec cette idée, elle nous le sert sur un plateau en mille perspectives réjouissantes. A nous maintenant d’y prêter attention et d’en faire une réalité.

J’évoquais plus haut que l’odorat avait été discrédité et considéré tel un sens primitif. En effet, selon Annick le Guérer*, « les philosophes de l’Antiquité grecque le considéraient moins intéressant que la vue et l’ouïe ; l’odorat était le sens du plaisir et pas celui de la connaissance ». Son discrédit va durer jusqu’au 18ème siècle lorsque Freud affirme que « le refoulement de l’odorat était essentiel au développement de la famille et de la civilisation ». Cependant, depuis les années 70, l’odorat en tant que sens refait un retour en force car les sociétés actuelles considèrent l’aspect émotionnel aussi important que celui de la raison. Pour notre plus grand bonheur ! (Le développement de l’aromachologie en est une preuve mais sujet pour un prochain article).

Maintenant, j’aimerais vous proposer un exercice à réaliser n’importe quand, tant que vous le faites 🙂 Pourquoi ne feriez-vous pas le tour d’horizon de votre univers odorant ? En portant votre attention davantage sur votre nez, vous vous rendrez compte à quel point nous sommes menés par le bout de celui-ci. Les odeurs sont liées à nos vies, omniprésentes. Si nous essayions un moment de vivre et ressentir notre monde par notre nez, imaginez un peu la poésie (ou pas !) mais en tous cas le loufoque et le décalé que nous pourrions expérimenter ! 

J’aimerais vous lire ! Partagez avec moi vos expériences olfactives, faites-nous rire (ou pleurer) en partageant vos odeurs avec vos mots. Merci, Johanne

  • Annick le Guérer: anthropologue, historienne et philosophe, spécialiste de l’odorat, des odeurs et du parfum. Elle a publié Les pouvoirs de l’odeur ou encore Le parfum, des origines à nos jours.

 

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3 Replies to “Nez, la revue olfactive : parfums, odeurs et matières premières.”

  1. carole Dauphin dit : Répondre

    c est decide… je vais m abonner à cette revue et me laisser mener par le bout du nez

  2. carole Dauphin dit : Répondre

    merci johanne…. moi qui dis que j ai un nez de chien de chasse….je me rends compte que le chien de chasse devra travailler son odorat!!
    je vais m abonner à cette revue et me laisser guider par le bout du NEZ;

    1. oui, on peut toujours améliorer son pif 🙂 tu as bien raison de t’abonner à cette revue passionnante. Merci pour ton retour, bisous

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