La Maison Néroli : une farandole d’huiles essentielles

Qui aime l’aromathérapie, les belles huiles essentielles et la qualité devrait connaître cette boutique nichée au cœur du 11^ème arrondissement de Paris. C’est le graal pour tous les amoureux des huiles essentielles. En fait, on voudrait juste y rester des heures. Cette farandole d’huiles donne même le vertige. Plus de 400 références, toutes triées sur le volet pour leurs qualités olfactives avant tout, sont là, alignées n’attendant plus que de trouver preneur.

De passage à Paris l’été dernier, j’ai contacté Viengvilay et Grégory, les créateurs de La Maison Néroli pour solliciter un moment d’échange. Je devais y aller pour constater de mes propres yeux… et rencontrer ses créateurs.

Un beau jour d’été, voici l’échange que j’ai eu le plaisir d’avoir.

« Je vous remercie de me recevoir dans votre très jolie boutique La Maison Néroli. C’est un paradis pour moi de voir toutes ces fioles et bouteilles et d’être entourée par ces merveilleuses odeurs ! Pour commencer, puis-je vous demander quels sont vos parcours respectifs ?« 

Viengvilay : avant de démarrer l’aventure, j’étais conseillère en informatique.

Grégory : moi, j’étais photographe et traducteur d’anglais technique.

Depuis 2009, nous souhaitions faire quelque chose ensemble mais sans avoir d’idée bien précise. Comme souvent, les projets demandent un temps de maturation. Il faut pouvoir définir les envies aussi. Mais nous voulions créer une sorte de « boutique des rêves ».

A cette époque, l’aromathérapie était plutôt un passe-temps et un loisir. On fouillait sur internet, on découvrait des huiles. On les achetait. Mais nous ressentions de la frustration de ne pas pouvoir les sentir avant de les acheter. Il faut bien dire que cela s’avère être une loterie d’acheter des huiles essentielles en ligne ! Qu’est-ce qu’on aurait donné pour pouvoir sentir et avoir le choix !   

« La Maison Néroli est devenue une référence, dédiée à la vente d’huiles essentielles, d’huiles végétales, de parfums naturels et de cosmétiques de grande qualité. Votre catalogue est riche d’environ 400 références issues d’une dizaine de distillateurs triés sur le volet. Vous avez justement passé deux ans à la rencontre de ces artisans distillateurs dans l’optique de faire connaître leurs produits et par conséquent de mettre en valeur leur travail. Quels ont été vos critères principaux dans la sélection des artisans distillateurs que vous souhaitiez rencontrer ? « 

Nous étions déjà clients d’une partie de nos fournisseurs d’aujourd’hui. C’est en tant que consommateurs que nous les avions découverts. Ce critère de qualité était pour nous primordial. Puis, au fil de nos découvertes et de nos pratiques, nous avons affiné notre approche et notre compréhension du métier : culture, cueillette, récolte, stockage, préfanage, traitement plante, distillation longue …. Cela nous a permis d’exercer un premier filtre.

Notre projet se développait autour de la notion d’Humain et du respect de la Terre. Nous sommes allés rencontrer celles et ceux qui respectaient ces mêmes valeurs.

Au moment de la rencontre, il y a ce moment de discussion pendant lequel on sent toutes les huiles.

« Et votre démarche, comment a-t’elle été accueillie par ces artisans ? » 

Notre démarche a été accueillie diversement. Nous avons reçu autant d’accueils que de personnes sollicitées. Il faut savoir que ces gens sont souvent très occupés et pendant la saison haute de la distillation, ils ont peu de temps à consacrer aux demandes extérieures.

Puis, une fois que la rencontre se réalise, les affinités se créent plus facilement.

Certains ne nous prenaient pas vraiment au sérieux. Une fois que la boutique s’est ouverte, la confiance s’est installée.

« Etes-vous toujours en quête d’artisans distillateurs dont les produits viendraient enrichir votre gamme ? « 

Oui, bien sûr. Nous sommes toujours à la recherche. Nous fonctionnons beaucoup par le bouche-à-oreille. Notre but est de tomber sur de nouvelles perles, nous sommes toujours à la recherche de la beauté d’une odeur. Nous ne sommes aucunement fermés et n’avons aucun a priori. Notre recherche est celle de l’harmonie et de la douceur.

Néanmoins, nous aimerions refaire un tour de France. Mais il est vrai que maintenant que nous avons une boutique physique, il est évidemment plus compliqué de s’absenter pour aller sur le terrain.

Alors, pour le moment, notre objectif principal est de stabiliser la boutique et de pérenniser la relation avec les producteurs français. Nous n’importons pas.

« Vous avez dans votre catalogue des huiles essentielles classiques, si je puis dire, disons des huiles très largement utilisées et connues du grand public, mais aussi d’autres très originales aux noms très évocateurs de contrées lointaines comme le sugandha kokila, l’ériocéphalée, le gurjum… ou encore l’arbre à perruques. Comment choisissez-vous les huiles que vous intégrerez dans votre catalogue ?« 

On continue de découvrir de nouvelles matières et on décide après. On ne sait pas forcément s’il y aura un débouché : on teste. Ça nous plaît ou non. Notre travail de sélection est très intuitif. Nous nous basons principalement sur l’odeur. Et, évidemment, il y a toujours notre part de subjectivité.

Nous ne sélectionnons jamais 100% de la gamme d’un producteur. Et nous ressentons toutes les nouvelles productions. D’une année sur l’autre, il se peut que les mêmes produits ne soient pas reproposés. Puis les qualités peuvent aussi évoluer.

Il faut aussi que l’on connaisse les contre-indications des huiles essentielles que l’on sélectionne. Notre boutique est pensée comme un musée : des curiosités sont proposées et la possibilité de les découvrir aussi. Des fois, on a des surprises !

Nous nous laissons guider par l’émerveillement. Pour nous, les odeurs sont des voyages.Et nous laissons notre intuition et curiosité choisir pour nous. Le but est de se faire plaisir.

On n’oublie pas qu’avant on était salariés, avec les contraintes liées, aujourd’hui on veut se faire plaisir.

« Vous êtes-vous formés en aromathérapie ?« 

Nous avons participé à de nombreux ateliers et modules de formation. Puis, nous lisons beaucoup d’ouvrages dans ce domaine. Etant tous les deux passionnés du sujet, une émulation se crée entre nous. Nous avons aussi énormément appris au contact des distillateurs.

Ce qui manque selon nous, ce sont des formations longues. Trois ans à temps plein ne seraient pas de trop : entre la chimie, l’anatomie, la biologie, la botanique ou l’agronomie… Le domaine est tellement ample. 

Malgré les connaissances que nous avons acquises, nous ne nous risquons pas sur le terrain de la santé. Nous ne faisons qu’informer le consommateur. C’est une contrainte que nous respectons. C’est bien pour cela que les utilisateurs d’huiles essentielles devraient se former un minimum. Combien de fois des clients arrivent avec des huiles oxydées aux origines douteuses. Ou d’autres qui en font des usages peu conventionnels faute de connaissance…

« Quelles sont vos 3 huiles préférées et pourquoi ? » 

Viengvilay : cela dépend des moments. En ce moment, c’est le néroli qui me réconforte. Le katrafay me fait du bien, j’aime son odeur de sous-bois, quant aux champaca rouge, il me fait voyager. Mais dans 3 mois, cela aura changé !

Grégory : l’iris est complètement dingue, la richesse de son odeur me surprend toujours. Puis le vétiver. Il est beaucoup moins fou que l’iris mais plus intéressant, il est très complexe biochimiquement, très varié selon les terroirs. Enfin je dirais l’absolue de pruche avec sa nature contrastée entre la puissance de l’arbre et le côté gourmand de cet extrait. 

« Je sens un véritable effort de mise en valeur des huiles essentielles sur votre site : nous y trouvons de très belles descriptions alliant poésie, évocation et précision combinées à de magnifiques illustrations. Vous réussissez vraiment à valoriser les odeurs par les mots. D’où vient l’inspiration pour vos textes ? « 

Viengvilay : Je découvre l’odeur via des méditations olfactives. Je teste les huiles pendant plusieurs jours. Tout d’abord, je ressens au niveau physique puis ce que me dit mon nez évidemment. En fait, je cherche à entrer en contact de manière approfondie avec la plante. De manière subjective et subtile.

Grégory : Ensuite, je prends le relais avec la rédaction des textes. J’ai le goût des mots. Viengvilay est plutôt dans le ressenti énergétique. Je m’inspire de ses ressentis. Je fais toujours attention à ce que l’on a le droit de dire. Il faut être clair, précis et juste. Il faut en dire assez sans écrire un roman. Mais on cherche à ne pas se prendre la tête non plus, on laisse les choses se faire naturellement.

« Qui sont les clients de La Maison Néroli ?« 

Oh, c’est difficile de répondre. Il y a une grande variété de clients et nous n’avons pas d’idée précise du profil type.

Néanmoins au niveau professionnel : il y a beaucoup de thérapeutes qui utilisent l’aromathérapie dans leurs pratiques.

Puis, nous avons des demandes pour des usages très vastes : aromathérapie pour la santé, pour l’olfactothérapie, pour la cuisine, cosmétique, parfumerie…etc.

Par exemple, nous avons l’absolue de cèpe qui s’adresse davantage aux parfumeurs ou pour l’olfaction. Il n’y a pas forcément d’utilisation en thérapeutique.

Nos clients sont sensibles à notre démarche, c’est le dénominateur commun qui les lie. Puis, de temps en temps, des touristes curieux passent la porte dans une balade entre le Marais et l’Atelier des Lumières.

Je vous remercie pour le temps que vous m’avez accordé. Je vous souhaite plein de succès dans votre entreprise. Et longue vie à La Maison Néroli.