De Madagascar, je suis rentrée enrichie de belles images et expériences. Néanmoins, le plus important à mes yeux : Madagascar m’a offert une amie. Un coup de cœur amical qui donne des ailes. Vous savez quand c’est fluide, facile, comme si on s’était toujours connues ? Eh bien, c’est ce sentiment que j’ai ressenti quand j’ai rencontré Annick. Je remercie Didier Ramiandrasoa de l’avoir mise sur ma route.
Annick donc… Lumineuse, drĂ´le, positive, Ă©nergique, forte, dĂ©terminĂ©e, courageuse. Nous ne sommes plus quittĂ©es depuis le voyage, enfin façon de dire. Dès qu’Annick le peut, elle m’appelle et on reprend la conversation et nos fous-rires lĂ oĂą nous les avons laissĂ©s. Merci Whatsapp.
Annick est productrice d’huiles essentielles sur sa plantation de Manaraha située quelque part entre Fianarantsoa et Manakara. Elle est loin, très loin de moi. Le café entre copines avec Annick est un projet à part. Pas de connexion à internet, elle vit en brousse. Je l’ai renommée Annick de la Brousse d’ailleurs. Annick a vécu en France mais est repartie sur ses terres pour reprendre la plantation en main.
Je vais diviser cet article en trois publications différentes (beaucoup de choses à partager!). Dans un premier article, je présente certaines plantes que cultive Annick, le tout illustré par des anecdotes éloquentes témoignant de sa vie de productrice de brousse. Ensuite, j’aborderai certains aspects fâcheux (commerciaux, règlementaires notamment) concernant la vente des huiles essentielles produites par Annick mais plus globalement s’appliquant à Madagascar. Enfin, je reporterai certains aspects de sa vie en brousse, bien loin de nos vies douillettes. Mais quand c’est Annick qui le raconte, ça donne juste envie de vivre cette expérience avec elle.
CI-dessous quelques photos de novembre 2022, les protagonistes sont : Geoffray Ramiandrasoa, maman, moi, Annick, Murielle Bebrone et Stéphane pour la photo du haut gauche.
Vous êtes partis, je vous embarque dans la vie d’Annick ?
1. Annick et ses huiles essentielles
1.1. Cinnamomum camphora : Chine versus Madagascar
Petit rappel : le camphrier de Chine Cinnamomum camphora est d’origine chinoise. L’huile essentielle de l’écorce est utilisée pour la fabrication du baume du tigre, très efficace contre les douleurs musculaires. Quant à l’huile essentielle feuilles du Cinnamomum camphora, c’est le Bois de Hô, à linalol. C’est cette huile qui est conseillée en lieu et place de l’huile de bois de rose Aniba rosaeodora qui se trouve aujourd’hui en danger d’extinction.
Le Cinnamomum camphora s’est parfaitement adapté au territoire malgache et a développé une biochimie spécifique : à cinéole. C’est une « feuille bénéfique » très utilisée dans la pharmacopée malgache. Et ne vous trompez pas : cherchez toujours Cinnamomum camphora cineoliferum ou de son nom vernaculaire mais reconnu : Ravintsara.
D’ailleurs, cela serait lui rendre justice s’il obtenait son appellation propre à Madagascar.
1.1.1. Ravintsara de ManarahaÂ
En reprenant la gestion de la plantation Manaraha, Annick y a introduit le ravintsara. Fine mouche, elle l’a planté sur différentes parcelles pour identifier celle qui donnerait la meilleure huile essentielle de qualité thérapeutique. A son grand étonnement, chaque parcelle a donné une huile dont la chromatographie était différente. Difficile de savoir pourquoi en revanche : une variabilité due à l’ensoleillement, une terre plus ou moins acide ? Quoi qu’il en soit, Annick a quatre parcelles de ravintsara et autant de profils différents.
Les photos suivantes: vous voyez le jeune plant en terre et la manière dont les arbres de Ravintsara ont poussĂ© en l’espace de 5 ans (crĂ©dit photo: Manaraha).
« Quand je veux produire pour les grossistes (donc fournir une qualité moyenne standard), je sais où me servir. Quand je veux la meilleure qualité pour ma clientèle de niche, je sais où envoyer mes cueilleuses qui sont formées spécifiquement pour cela. De cette manière, je peux garantir une huile essentielle de Ravintsara de Manaraha sans safrol ni camphre, sinon à l’état de trace ».
1.2. Citronnelle (Cymbopogon citratus)
1.2.1. Rendement de la citronnelle
Annick, qui a le nez creux, ne s’est pas lancée dans une grosse production d’un coup. Prudente, elle ne mobilise jamais une parcelle complète pour initier une culture. Elle commence avec une distillation limitée à 50 kilos ce qui lui permet de calculer le rendement de la plante en huile. En reprenant l’exemple de Stéphane, producteur, (cf. article ici) qui s’est retrouvé avec une parcelle de citronnelle sur les bras, Annick rétorque « ces entreprises industrielles veulent un test de rentabilité gratuit sur la terre des gens».
Elle ajoute : « J’ai néanmoins constaté que le rendement de la citronnelle est très bas (Stéphane avait distillé 1,5 tonnes pour obtenir 800 ml de citronnelle). Puis, au vu du prix d’achat sur le marché, très bas, j’ai laissé tomber tout de suite. La citronnelle n’offre aucune rentabilité ».
Photo de la cueillette de citronnelle, crédit: Manaraha
1.2.2. Citronnelle fraîche
Annick a tout récolté avec ses cueilleuses, débité en petits sachets et vendu directement la citronnelle en plante séchée. Les Malgaches l’utilisent beaucoup en cuisine. Annick ne distille donc pas de citronnelle de Madagascar. Néanmoins, avec ce test grandeur nature, elle sait désormais « combien de citronnelle fraîche est nécessaire pour obtenir tant de citronnelle séchée. Si je veux me lancer dans la commercialisation de la citronnelle séchée, je connais les chiffres ».
Bonus : La citronnelle de Madagascar a la spĂ©cificitĂ© de contenir du myrcène. Didier Ramiandrasoa la prĂ©conise pour une utilisation culinaire plus que celles de Java ou de Ceylan, entre autres. Sa forte concentration en aldĂ©hydes terpeniques (Citral–Geranial) lui confère egalement des propriĂ©tes anti-inflammatoires cutanĂ©es.
1.3. PrĂ©cieuse CannelleÂ
1.3.1. Deux huiles essentielles
Deux huiles essentielles sont extraites du cannelier : écorce et feuille. A l’odeur, l’écorce est plus douce et sucrée alors que la feuille contient de l’eugénol qui nous rappelle le clou de girofle. Les deux sont dermocaustiques et ne peuvent donc être utilisées pures sur la peau.
L’analyse chromatographique de l’huile essentielle de cannelle feuille Manaraha montre un taux Ă©levĂ© d’eugĂ©nol (jusqu’Ă 78%) avec un rendement plutĂ´t faible (0,25%) pour une distillation qui dure environ 5 heures.
La demande d’huile essentielle cannelle feuille connaît une hausse. En effet, son taux d’eugénol est intéressant car il compense le manque d’huile essentielle de girofle (le giroflier ayant souffert lors du passage des cyclones, c’est une culture très capricieuse).
1.3.2. Cannelle attire la convoitise
La cannelle a pris une telle valeur qu’elle attire la convoitise. Annick a subi du vandalisme et du vol de cannelle sur sa plantation. Cela l’avait contrainte à employer des gardes pour assurer sa protection.
Pourtant, il semblerait que la cannelle ne soit pas reconnue à sa juste valeur par les autorités. Dans mon Carnet de voyage #1, j’évoquais une rencontre avec un politicien un soir au lodge. Ses propos tenus sur la cannelle sont éloquents : son discours, policé, sa langue, de bois. Il se dédouane de toute responsabilité et surtout d’actions concrètes :
« Ils ne veulent plus qu’on exporte la cannelle. C’est de plus en plus difficile à cause des autorités. Il y beaucoup de blocages ». Annick rétorque que « le Sri Lanka vient d’obtenir une AOC de Ceylan et que Madagascar pourrait aussi y prétendre ». Ce politique réitère : « Ils ne sont pas là pour développer le pays mais faire de l’abus et tout bloquer. La cannelle, vous ne l’avez pas volée dans la forêt. Aucun de ces idiots ne comprennent cela. Alors que si vous parlez des plantes endémiques dans les forêts à aire protégée, le discours change. Mais la cannelle, tout le monde l’a dans sa cour ».
Encore un casse-tête malgache. Une denrée qui prend de la valeur et attire la convoitise. Néanmoins, de plus en plus difficile à exporter, elle pourrait contribuer à un développement économique pour le pays.
Et puis… si mĂŞme les politiques bien placĂ©s ne peuvent rien faire, imaginez le peuple malgache ?
Encore une fois nous restons sur une grosse inconnue.
1.3.3. Écorce de cannelle
L’écorce de cannelle donne différents produits de différentes qualités qu’Annick nous a détaillés.
- QualitĂ© première – Ecorce de la cannelle : les jolis tubes que nous trouvons dans le commerce
- QualitĂ© intermĂ©diaire – Cannelle grattĂ©e issue des dĂ©chets de l’étape 1 : les parties non utilisĂ©es pour la « qualitĂ© tube » feront office de cannelle grattĂ©e.
La cannelle grattée peut intéresser les épiceries fines si elle est présentée sous forme de poudre. La valeur entre les deux qualités tube et grattée va du simple au triple. Annick précise que « du gratté, ça a toujours de la valeur ».
- Qualité moindre – Le tout-venant. Hors norme, la cannelle non grattée.
1.3.4. Cannelle de Ceylan de ManaharaÂ
1.3.4.1. Canneliers sauvagesÂ
Les canneliers sont sauvages à Manaraha. Annick a fait en sorte de préserver ce peuplement spontané en protégeant les pieds mère avec précaution. Le cercle vertueux de la biodiversité a été remis en marche puisque les excréments des oiseaux ont permis aux jeunes canneliers de se développer sans aucune intervention humaine.
Cueillette et tri de la cannelle sauvage de Manaraha (crédit photo: Manaraha):
1.3.4.2. Tubes de cannelle de Manaraha : anecdoteÂ
Annick nous a raconté une anecdote concernant ses tubes de cannelle. Lors d’une livraison, les acheteurs lui ont tout simplement proposé d’acquérir sa cannelle tube et cannelle poudre au tarif de la catégorie inférieure :
- Les tubes soi-disant dépassaient les normes convenues et ont été considérés de deuxième choix soit catégorie non grattée
- Sa poudre de cannelle issue de la partie non grattée a été tout simplement déclarée comme étant issue du tout-venant.
Annick, refusant de dévaloriser son travail, a ramené tubes et poudre chez elle. « J’ai refait les 27 kilomètres à pied dans l’autre sens avec ma cannelle sous le bras. Je n’allais pas leur vendre cette poudre très sucrée à ce prix dérisoire ».
1.3.4.3. Distillation de la poudre de cannelle
Par dépit mais aussi par défi, Annick a distillé sa poudre de cannelle considérée comme un déchet. Une moustiquaire en coton posée sur la grille afin que la poudre ne se dilue pas dans la cuve à eau, elle raconte : « Cette distillation était comme une méditation. Tous mes sens étaient dirigés sur la sortie de l’alambic et mon verre gradué. Combien d’huile essentielle allais-je récupérer ? Quelle sera sa qualité organoleptique ?».
Cinq heures de distillation plus tard et vingt kilos de poudre distillés : un joli 75 millilitres d’huile essentielle à la sortie. Plutôt un bon rendement. Annick se demande si c’est « la cannelle sous forme de poudre qui offre un rendement aussi intéressant ainsi qu’une qualité organoleptique aussi sucrée ? ».
Cette huile de cannelle écorce, la poudre étant issue de l’écorce grattée, contient 58% d’aldéhyde cinnamique. « La meilleure qualité que j’ai jamais obtenue » dit Annick. Une belle surprise et un bon pied de nez aux acheteurs !
1.4. Patchouli, une histoire incroyable
1.4.1. Des bouturesÂ
En visitant la plantation d’un confrère fraîchement installé sur la côte, Annick voit un carré de plants qu’elle ne connaissait pas. Surprise d’apprendre que c’était du patchouli, Annick dit :
« J’ai souvent entendu parler du patchouli en regardant les pubs pour parfum à la télé ou en lisant les ingrédients dans les boutiques de parfum en France. Je ne l’avais jamais vu ni touché et j’aimais son odeur ». Il faut dire que le patchouli n’est pas endémique de Madagascar et peu connu. Annick caressait ce rêve un peu fou d’en planter à Manaraha pour produire une huile essentielle destinée aux industries du parfum et de l’aromathérapie. Pour elle, « planter du patchouli représentait un symbole de renaissance de la plantation ». Néanmoins, se procurer des plants restait une question sans réponse jusqu’à ce jour.
Curieusement sans mĂŞme le demander, le propriĂ©taire du lieu lui remet deux boutures, les calfeutre dans une motte de terre humide et enveloppe le tout prĂ©cautionneusement dans une feuille de bananier attachĂ©e avec du raphia. Il lui dit : « Essaie ça chez toi car ici la terre ne s’y prĂŞte pas. Peut-ĂŞtre qu’il y poussera mieux ».
Annick remercie et sans vraiment y croire, elle ramène les boutures au fond de ses sacs de brousse. Ses pensĂ©es se dirigent plutĂ´t vers le trajet de retour Ă Manaraha entre la chaleur, le taxi brousse, la ligne de chemin de fer en dysfonctionnement, les 27 kilomètres Ă pied sans oublier la longue remontĂ©e du fleuve en pirogue sous le soleil accablant (deux photos prises entre 2007 et 2009 vous donnent une idĂ©e des conditions du retour. Elle est chou Annick … crĂ©dit photo: Manaraha).
Au fond des sacs de brousse, ces boutures « ne pouvaient qu’être ratatinées et ne pas survivre à ce voyage ».
1.4.2. De la boue séchée
De retour à Manaraha trois jours plus tard, épuisée, Annick demande à Krisy, sa dame de confiance, de ranger ses affaires. Krisy vient alors la trouver : « Madame, qu’est-ce que c’est ? On dirait de la boue séchée ». Annick se souvient lui avoir répondu : « Ce n’est rien, juste quelque chose que l’on m’a donné. Mets-le à l’ombre des caféiers ». Tout en pensant : « A quoi bon ? ».
Les mottes sèches et ratatinées ont été déposées par terre sans être replantées puis oubliées. La Clidemia hirta, plante foisonnante, a fait son œuvre et recouvert littéralement le sol.
1.4.3. Vigoureux patchouli
Un jour, il a fallu dĂ©sherber les cafĂ©iers : les graines mĂ»res et tombĂ©es germent sur place. Les jeunes plants doivent ĂŞtre repiquĂ©s en pĂ©pinière. Annick prĂ©cise : « J’ai toujours Ă©duquĂ© les filles Ă ne pas arracher ce qu’elles ne connaissent pas mais plutĂ´t de chercher Ă savoir ce que c’est ». Respectueuse de cet enseignement, une femme demande alors : « Madame, quelle est cette plante touffue ? ». Annick s’approche loin de se douter que les deux boutures nĂ©gligĂ©es il y a plusieurs semaines avaient survĂ©cu …
Folle de joie, elle s’écrie : « C’est le patchouli ! Les femmes qui n’en avaient jamais entendu parler m’ont littéralement regardée comme une folle mystique ». Sans attendre, munie de son sécateur, Annick donne les consignes de biner un carré et débite alors des boutures qu’elle met en terre directement. L’idée était de préparer « une mini plantation » afin de lancer la culture de patchouli de manière professionnelle.
Aujourd’hui, après quatre ans, « je suis presque envahie de patchouli. Il est très vigoureux et s’est très bien adapté à Manaraha. Il couvre parfaitement le sol entre les rangs de vanille et me procure une masse verte disponible à profusion. Cela me permet d’économiser les frais de désherbage manuels ».
1.4.4. De la culture Ă la distillation des feuilles de patchouliÂ
Plusieurs étapes sont nécessaires de la culture à la distillation :
- RĂ©colte des feuilles de patchouli de septembre Ă novembre.
- SĂ©chĂ©es Ă l’ombre
- Fermentées et stockées au sec pendant un minimum de trois mois
- Distillation en moyenne de six heures
- Huile essentielle mise à décanter dans des bouteilles en verre ambré pendant au moins six mois pour que les arômes se développent.
Sacré petit process tout de même qui demande beaucoup de précaution, de temps et d’amour !
1.5. Concernant le gingembre bleu
Pour celles et ceux d’entre vous qui connaissent l’huile essentielle de gingembre bleu (ici), son odeur est citronnée et très fraîche. Cette variété de gingembre dont le rhizome vire au bleu/ gris par oxydation est considéré comme un gingembre officinal classique (Zinziber officinalis). Néanmoins, selon Annick qui a pris le temps de l’observer, « le gingembre bleu est plus petit, plus parfumé et citronné que le classique soit le gingembre originaire de Chine, acclimaté à Madagascar par les industriels pour son meilleur rendement en développement de rhizome ».
Sur son domaine de Manaraha et autour, les locaux ne connaissent que la variété du gingembre dit « bleu » : « Les gingembres traditionnels en brousse sont comme ça ». Elle suppose qu’il serait « bien de changer son nom botanique car c’est ainsi qu’il semble s’être développé sur le territoire malgache ».
Un gingembre Appellation d’Origine Contrôlée Madagascar ? Et pourquoi pas ?
Voilà , cette première partie est terminée. Dans un prochain article, nous verrons comment Annick est devenue productrice en brousse tout comme les circonstances qui l’ont ramenée sur ses terres et les difficultés auxquelles elle est confrontée dans son quotidien.
Que vous inspire l’histoire d’Annick ? Dites-moi tout en commentaires !
Superbe article ! Ça donne envie d’en savoir plus sur Annick
Chère Géraldine,
oui je sais je sais …
En attendant, les 2 prochains épisodes seront bientôt publiés 🙂
A l’heure qu’il est, un nouvel alambic est en cours d’installation chez ANNICK !
Exloitation agricole dans le sens yang du terme en juxtaposition du terme implantation yin correspond bien au QI que dégage notre productrice nationale
ALEFA Annick a !
oui, Annick est une femme incroyable, et oui, son nouvel alambic a bien été acheminé !
On vit l’aventure et les odeurs
merci 🙂
bonjour Johanne, je suis en train de rattrapper mon retard (j’ai boudĂ© l’internet un moment)
je suis ravie de découvrir ces aventures !
Mais quelle bout de femme extraordinaire ! Merci !
bonjour Chantal, tu as bien fait de bouder internet et je te remercie de ne pas bouder mes histoires 🙂 merci pour ton retour, belle journée à toi